Jigal Polar - Mars 2005
Tags : Roman historique Corruption Détective amateur Marseille Historique (avant 1930) Littéraire Moins de 250 pages
Publié le : 1er mai 2005
Mars 1723, Marseille respire enfin... Ses habitants peuvent à nouveau
circuler, la période de surveillance imposée vient d'être levée après
l'épidémie de peste qui a atteint la ville entre mai et novembre 1720.
Michel Serre est peintre, un des meilleurs de la ville, reconnus par ses pairs
comme par les notables pour qui il travaille. Ayant réchappé de la
tragédie, il veut témoigner par son art de ce qu'ont vécu les
marseillais, comme une sorte de thérapie pour l'aider à surmonter ce
drame. Miche Serre se remémore la survie qui s'est organisée dans la
ville, les mesures dérisoires autant qu'inefficaces prises pour lutter
contre le fléau, les cadavres entassés ça et là. Il se rappelle le rôle
des édiles, des notables, ceux qui fuient, ceux qui restent, l'épidémie
frappant essentiellement le petit peuple à qui l'hygiène élémentaire
fait défaut. Tout cela, il veut l'inscrire sur ses future toiles, en
être le témoin.
Alors que la maladie s'efface et que le peintre déambule à travers sa ville retrouvée, des rires
entendus dans une taverne (les premiers depuis bien longtemps) l'y font
pénétrer. À l'intérieur, il fait la connaissance de Jérôme Cardinal, un
marin, qui lui propose de devenir son locataire - une manière pour lui
de s'éloigner la basse ville - et ce dernier de convaincre le peintre
en lui promettant de lui raconter tout ce qu'il connait de l'épidémie
de peste, ce que personne ne sait : la vérité.
D'abord incrédule, Michel Serre finit par céder aux "avances" de Cardinal et à
ses accents de franchises. Commence alors un long témoignage qui va
bouleverser la vision du peintre...
1720. Bruno Leydet ne choisit pas cette période par hasard pour son roman. C'est
l'époque de la régence de Philippe d'Orléans avant le règne de Louis
XV, mais c'est aussi, après les longues années passées sous la coupe de
Louis XIV, celle du renversement des alliances, de l'affairisme et du
libertinage. Car en décrivant par le détail cet épisode macabre de la
vie marseillaise et les stratagèmes qui lui permirent de s'installer,
c'est bien d'aujourd'hui que nous parle Bruno Leydet, des méfaits du
pouvoir de l'argent, des devoirs de nos gouvernants à protéger les
populations dont ils sont responsables et non pas les avoirs de
certains grands commerçants.
J'ai toujours ressenti, certes de manière imprécise et incertaine, que le ministère public obéit à une logique étrangère à l'intérêt de tous.
Ou encore :
Je ne crois pas en la justice d'en haut (...) je ne vois pas pourquoi (...) dans un monde de privilèges, les privilégiés se porteraient tort entre eux.
Le monde change peu, et les moteurs qui tendent les ressorts sont les mêmes à travers les époques. Mais ce
roman est aussi une réflexion sur le rapport de l'artiste au pouvoir,
aux hommes de pouvoir, sur son rôle de témoin.
Dans un style qui colle parfaitement à l'époque traversée, un peu vieillot,
un peu baroque, au vocabulaire et au tournure de phrases surannés,
Bruno Leydet dresse le portrait de ce qui fait courir le monde, de
l'impéritie des notables, de leur soif de pouvoir et d'argent, de leur
indifférence morveuse face aux plus faibles. Un voyage dans le temps,
inscrit dans le présent.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Ce roman est bien sûr construit autour de l'épidémie qui décima la ville
de Marseille et fit plus de 50000 victimes en 1720.
A voir une étude sur l'iconographie liée à la peste où on retrouve un certain peintre signant... Michel Serre.
Une courte interview de l'auteur à propos de ce roman est disponible sur le site de son éditeur.
Les dix premières lignes...
Mon nom est Michel Serre. J'ai 65 ans. Je les ai eus ce 10 janvier 1723. Je
suis considéré, sinon comme le meilleur peintre de Marseille, tout du
moins comme l'un des plus adroits. Je dis cela sans fausse modestie, ni
suffisance ; un créateur doit savoir s'évaluer. Il ne peut pas, il ne
doit pas, compter sur autrui : autrement, cela revient à conduire un
char tiré par des chevaux aveugles. Très tôt, j'ai eu la chance de
comprendre cela. Peut-être parce que la vie ne m'a pas épargné ; moi
qui dus quitter ma mère et ma Catalogne natale à l'âge du huit ans.
Mais, pour l'heure, je ne compte pas m'attarder sur les malheurs de mon
enfance et je n'ai pas l'intention de raconter mes mémoires (...).
Quatrième de couverture...
L'Histoire commence en 1723. Marseille est alors officiellement
"guérie" de la peste. Le peintre Michel Serre entreprend de nous
raconter une étrange rencontre, qui va bouleverser sa vie et son art !
Cette nuit-là, alors qu'il erre dans la ville basse pour nourrir son
inspiration, le vieux peintre pousse la porte de la "Taverne des
Gueules d'Anguilles", un lieu sordide et mal famé où se mêlent femmes
légères, voyous et matelots en perdition. Il y croise Jérôme Cardinal,
un jeune marin d'origine génoise qui, prétextant tout savoir sur la
grande peste, se propose pour assouvir sa vengeance de lui en dévoiler
les mystères...
Tout d'abord incrédule, Serre va ployer devant cette verve insolente...
Et du Grand Saint-Antoine aux Échelles du Levant, des armateurs aux
notables, Cardinal dévoile et démontre alors soir après soir,
l'incroyable conspiration qui va anéantir la ville au prix de quelques
dizaines de milliers de morts pourrissant au soleil...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...