Dobermann

Joël Houssin

Florent-Massot - Août 1997

Tags :  Hard Boiled Comédie Crime organisé Flic Truand France Années 1980 Populaire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 04 novembre 2025

C’est par un heureux événement que s’engage le récit ; une naissance. Toute la famille Lepentrec est réunie pour l’occasion. Enfin, la famille, c’est une manière de dire. Peut-être le clan serait-il plus approprié. On est chez les gangsters, les voyous, les braqueurs de banques. Quelque chose de génétique sans doute puisque Yann, à peine né, montre déjà une appétence particulière pour les armes à feu qui ont la particularité de calmer radicalement ses pleurs de nourrisson.
Vingt-cinq ans plus tard, Yann Lepentrec, alias le Dobermann, est devenu l’ennemi public numéro un, recherché par toutes les polices, et écume le territoire en braquant tout ce qui bouge et tout ce qui brille tout en flinguant les uniformes alentour.
Pitbull, Moustique, l’Abbé, et Nat la Gitane, compagne du Dob, ont été logés par la surveillance des flics. Le commissaire Clodarec, un peu dépassé, est aux commandes et le préfet lui a clairement signifié sa mission : pas de survivants. Mais c’est sans compter sur Christini, le boucher de la PJ qui, lui aussi, rêve de se farcir le Dobermann…

En 1981, Joël Houssin est un auteur de science-fiction et d’anticipation reconnu qui a déjà reçu plusieurs prix et dont les écrits peuvent s’apparenter et épouser les codes du roman noir. C’est le moment que choisit un éditeur pour lui proposer d’écrire un polar. Ce sera Le Dobermann Américain, Spécial Police n° 1617 chez Fleuve Noir.
Même si le succès n’est pas au rendez-vous, le ton est donné, et dans la mesure où le héros n’est pas mort à la fin du premier épisode, le directeur de la collection obtient de Joël Houssin l’écriture d’une suite.
De fil en aiguille et en l’espace de quatre années, ce seront pas moins de dix-neuf romans publiés qui formeront l’intégrale de la série Le Dobermann.

Quinze ans plus tard, le jeune cinéaste Jan Kounen se propose d’adapter ce personnage de truand au grand cœur ultra violent au cinéma pour son premier long métrage et sollicite son créateur pour en écrire le scénario.
Si le film est sorti en 1997 et le présent roman constituant la novellisation de son scénario, il faut le resituer dans l’époque à laquelle le personnage a été créé.
Les années quatre-vingt sont violentes et la France traversée par des vagues d’attentats et de terrorisme, qu’ils proviennent de l’extrême gauche ou de l’extrême droite, des indépendantistes ou d’autres groupuscules. C’est l’époque d’Action directe, de la bande à Baader en Allemagne ou des Brigades rouges en Italie.
S’il ne s’inscrit pas directement dans cette mouvance et reste avant tout un truand, Yann Lepentrec, alias Le Dobermann, est un rebelle qui naît et grandit dans ce contexte.

Le Dobermann, c’est pas un gars comme nous. Il respecte rien. Lui, il braque les banques pour le plaisir. C’est pas humain. Moi, je dis qu’on n’a pas le droit de mépriser l’argent comme ça. L’argent, ça se mérite. Et le Dobermann, y mérite que d’aller au trou… Un trou bien profond avec de la terre par-dessus.

Mais revenons-en au roman. Résolument politiquement incorrect, il met en scène un truand qui ne rechigne pas à la violence, confrontée à une police qui n’est pas en reste. La particularité, c’est qu’à la fin, ce sont les « méchants » qui gagnent. Lepentrec, leader charismatique, est entouré d’une bande de bras cassés à l’intelligence douteuse, mais à l’efficacité redoutable. Ne cherchez pas le réalisme chez Joël Houssin, il est tellement maquillé qu’il disparaît sous l’exagération, mais porté par un style redoutablement percutant, des dialogues aux punchlines désopilantes, un humour corrosif et un rythme effréné, on ne peut s’empêcher d’avaler ce roman d’une traite, pour laisser en mémoire une affriolante saveur acidulée.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

C’est le couple Vincent Cassel/Monica Belluci qui endosse les rôles du Dobermann et de Nat dans l’adaptation cinématographique de Jan Kounen en 1997.

Et pourquoi pas se replonger dans l’atmosphère des polars des années quatre-vingt avec quelques titres de Tito Topin.

Le début...

Les dix premières lignes...

Cette journée-là était si poisseuse qu’on aurait pu s’en tartiner une Triscotte.
Les voitures de luxe se sont rangées en épi autour de la place du village. Paradoxales limousines posées au cœur du hameau, au milieu de nulle part, sur le chemin de personne.
Une vingtaine d’hommes sont assis sur les margelles pierreuses de la placette. Ils attendent. Ils sont étranges, des gueules impossibles, des costumes d’un autre âge. Ce ne sont pas des paysans endimanchés, plutôt des truands égarés dans cet improbable hameau qui paraît leur appartenir.
L’un d’eux, le père, porte distraitement un fusil. Assis, il a le regard vide, fixé sur la fontaine asséchée dont des touristes indélicats ont dérobé les plus belles pierres. Allongé à ses pieds, un splendide dobermann.
Un autre, plus jeune, appuyé contre un arbre, mâchonne un bout d’allumette. Il observe une partie de poker disputée sur la promenade rongée par le salpêtre.


La fin...

Quatrième de couverture...

« N’oubliez pas, commissaire… Personne n’a envie de voir le Dobermann en prison ! Je me fais bien comprendre ? Y a des voyous qu’on n’arrête pas. Mettez-vous ça dans le crâne, ça évitera aux légistes d’en retirer les balles ! »
Par ces mots, le préfet déclare ouverte la chasse à l’homme. La cible ? Le Dobermann, l’ennemi public n° 1. Lui et son gang défraient la chronique : des banques, des postes, des fourgons ! La totale ! Une anthologie du braquage, un best of du hold-up ! À ses côtés, Nat la Gitane, la sibylline compagne ; Moustique, râleur, nerveux, prêt à dégainer au premier regard tordu ; Pitbull, le colosse débonnaire, qu’il vaut mieux toutefois ne pas froisser ; l’Abbé, des grenades sous la soutane, des prières pour ceux qui vont mourir. Et dans le camp d’en face, le commissaire Christini, dit « la Hyène », le roi de la bavure, l’ordure des ordures, très efficace mais sans scrupule. Spécialement ressorti des oubliettes pour liquider le Dobermann.
Joël Houssin est l’auteur culte d’une vingtaine d’aventures du Dobermann publiées au début des années 80. II obtient plusieurs prix pour des récits d’anticipation et de science-fiction (Prix Appolo 1989, Prix Fnac/Génération 4 et Grand Prix de l’imaginaire 1991). L’aventure inédite du Dobermann qu’il présente ici est la novellisation du film réalisé par Jan Kounen.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Joël Houssin










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