Gallimard / Série Noire - Janvier 2025
Tags : Trafic Corruption Flic Afrique Années 2020 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 13 avril 2025
Gabriel Latyr Faye est un jeune policier sénégalais qui vient de passer huit mois en immersion chez les trafiquants de cocaïne pour pouvoir appréhender leur chef Diallo, qu’on surnomme l’Italien. Enfin sous les verrous, son interrogatoire à peine commencé, le téléphone de Latyr se met à sonner : un colonel de gendarmerie réclame la libération du suspect. Malgré le rang de son interlocuteur, le jeune policier ne s’en laisse pas compter ; il n’a pas d’ordre à recevoir d’un gendarme, fut-il haut gradé.
Mais lorsque l’adjoint au chef de la police lui fait miroiter une belle promotion qui l’obligerait à abandonner son enquête, Latyr comprend que l’Italien a effectivement le bras long. Refusant la corruption, il se retrouve muté au fin fond de la Casamance.
Au premier abord, le personnage de Latyr a un côté naïf qui porterait presque à sourire. Bien sûr on est à Dakar, sous la plume d’un natif sénégalais, mais il a tous les attraits du « bon » nègre de service, prêt à se faire rouler dans la farine à la moindre occasion, tout droit sorti d’un autre temps, limite « blackface ».
Sur le bateau qui l’emmène à Ziguinchor, Latyr fait connaissance avec Aguène, une journaliste qui s’intéresse au trafic de cocaïne, présent y compris en Casamance, région par ailleurs en proie aux luttes intestines entre rebelles, militaires, trafiquants, bandits et exploitants d’une mine de zircon qui entretiennent à bas bruit une guerre civile entamée dans les années 80.
Nous sommes en Afrique, il sera donc question de corruption, c’est du moins ce que veut nous faire comprendre l’auteur à l’aide ficelles qui peuvent sembler parfois grossières. C’est sans doute le principal reproche qu’on peut faire à ce récit qui propose par ailleurs une approche sensible de la vie quotidienne sénégalaise, avec ses croyances, ses traditions et quelques vilains défauts.
En dehors de Latyr, le policier naïf, un autre personnage se détache. Elinkine fait partie des chasseurs du nord, un groupe qui lutte pour conserver le contrôle de sa région en s’acoquinant avec les trafiquants, mais dont l’éthique leur interdit de s’en prendre aux civils.
À son contact, Latyr, aussi naïf qu’intègre, se doit de s’interroger sur la « morale » d’Elinkine et sur les moyens qu’il est possible d’utiliser pour défendre une cause « juste » ; questionnements qui viendront ébranler ses certitudes.
S’il présente de façon originale un Sénégal en proie à la corruption et aux trafics, Étincelles Rebelles souffre à mon sens du trop-plein de naïveté de son personnage principal, nuisant ainsi à sa vraisemblance.
Par ailleurs, les explications de texte qui passent par les dialogues sont toujours risquées. Il convient d’en maîtriser les moindres ficelles et d’être particulièrement exigeant, sinon on s’expose très vite à quelque chose qui sonne faux, décrédibilisant de même le propos des personnages et/ou de l’auteur.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
En dehors de l’Afrique du Sud, les auteurs de polars africains ne sont pas très nombreux et mon expérience personnelle en la matière n’a pas toujours été très heureuse (comme par exemple avec Janis Otsiemi, ou plus récemment Solange Siyandje). Résultat : pas de recommandation.
Les dix premières lignes...
Un grincement plaintif de la porte accompagna son entrée, puis aussitôt Latyr sentit le fardeau de l’air chaud piégé dans cette pièce minuscule dépourvue de fenêtre.
Quelques secondes lui suffirent pour retrouver ses repères dans la salle d’interrogatoire de la DEC, théâtre d’âpres joutes psychologiques entre policiers d’un côté et suspects de l’autre. Toutefois, cette arène avait pour uniques spectatrices les araignées, dont les toiles garnissaient les mêmes recoins que sept mois plus tôt.
Son adversaire, un trafiquant qu’il avait pris la main dans le sac, l’avait devancé. Il siégeait sur l’une des deux chaises qu’une table de deux mètres séparait. À la vue des menottes à ses poignets et chevilles, un sentiment de fierté anima l’inspecteur. Fierté d’avoir fait ses preuves auprès de ses collègues de la DEC, la crème de la police nationale, en dépit des quolibets des vétérans sur son jeune âge et son inexpérience. Fierté de faire partie de ces femmes et hommes dévoués au maintien de la sécurité. Fierté, enfin, d’avoir contribué à tisser une toile qui, comme celles des araignées, avait fini par piéger sa cible.
Quatrième de couverture...
Au Sénégal, l’inspecteur Gabriel Latyr Faye vient de réussir, après deux ans d’investigations, à coincer l’un des plus gros trafiquants de drogue du pays. Mais sitôt arrêté, celui-ci est relâché. Pour s’être rebellé contre cette décision venue de sa hiérarchie, Latyr est muté en Casamance dans une zone sous haute tension où s’affrontent trois groupes ennemis. Le jeune homme, qui ne connaît rien de son pays au-delà de la capitale, rencontre Aguène, une journaliste locale qui va l’aider à comprendre les enjeux de ce territoire et l’accompagner dans sa croisade contre la corruption. Au cœur de la tourmente : l’armée, les sécessionnistes, un clan secret baptisé « les chasseurs » et une curieuse panthère…
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...