Métailié - Septembre 2005
Tags : Roman historique Comédie Avocat France Années 2000 Humoristique Moins de 250 pages
Publié le : 06 septembre 2024
Après être sorti de prison et avoir été réhabilité par ses pairs suite aux mésaventures vécues dans un autre épisode de la saga Leibowitz (cf. Commis d’Office), notre avocat se remet de ses émotions à travers une cure de thalassothérapie qui ne lui apporte cependant pas grand réconfort.
Il a beau être désormais riche, le métier lui manque, quand bien même il devine qu’en enfilant à nouveau la robe, il court au-devant des emmerdes. Il crée pourtant son propre cabinet et reprend du service auprès de ses habituels clients : escrocs, cambrioleurs, dealers en tous genres.
J’étais un malade irrécupérable qui s’ennuyait à mourir à essayer de devenir enfin raisonnable.
J’étais intrinsèquement un avocat et je ne pouvais rien y changer.
Alors qu’il doit faire sortir de préventive un des frères Choukri, il apprend par la bouche de ce dernier qu’il a en sa possession quelques toiles de maître dérobées à l’occasion d’un cambriolage, emportées à défaut de trouver sur place des bijoux ou de l’électronique, plus faciles à refourguer.
Par ailleurs, il défend la mise en liberté pour raison médicale d’un vieux truand, ex-militaire, fils d’un milicien très actif lors de la Seconde Guerre mondiale. Un comble pour un avocat juif… Même non pratiquant.
Deux clients, deux affaires, deux mondes qui ne sauraient se croiser. Et pourtant…
Il y a quelques années, je me plaisais à m’immerger dans des pavés de plusieurs centaines de pages, appréciant de passer de longues heures en compagnie de personnages qu’on prenait le temps de connaître, d’ambiance qui se construisaient sur la durée. Il en va tout autrement aujourd’hui. J’en ai soupé des « ventres mous » des romans à rallonge qui s’étirent sans avancer, sans rien apporter. J’aspire désormais à une lecture plus « sèche », plus efficace, et privilégie souvent les formats courts.
Avec Hannelore Cayre, je suis servi. L’humour en plus. Noir, l’humour, bien sûr…
Toiles de Maître constitue la seconde apparition de l’avocat Christophe Leibowitz, un pénaliste qui se confronte à la misère judiciaire, environnement que maîtrise parfaitement l’auteur puisque ce fut longtemps son quotidien.
C’est donc l’occasion, à travers les mésaventures de son personnage et à l’aide d’anecdotes salées de montrer l’envers du décor des palais de justice. Leibowitz est avocat dans l’âme, prêt à tout pour défendre la veuve et l’orphelin, à sa manière peu orthodoxe, mais il n’apprécie guère les rouages de sa corporation.
Hannelore Cayre a la plume acide lorsqu’il s’agit de « causer » métier, mais elle conserve cette même causticité dans tous les pans de son roman, notamment lorsqu’elle décrit certains protagonistes :
Elle aussi s’était mise sur son trente et un (…)
Son corps fellinien et son goût de chiottes représentaient une forme de terrorisme pour les grandes marques : elle faisait exploser les codes à elle toute seule.
Un pantalon rose, qui tentait tant bien que mal d’envelopper ses formes callipyges, chassait une partie de son ventre vers un petit débardeur qui déclarait forfait. Une espèce de veste en cuir d’un animal à la peau vert gazon recouvrait le tout et servait de toile de fond à une paire de boucles d’oreilles Chanel incrustées de brillants, grandes comme des tablettes de chocolat.
J’avais oublié à quel point ce type m’était antipathique. Le pas qui claque, le costume anthracite, le cheveu domestiqué, le visage aux traits forgés par le dédain et la certitude d’avoir raison : c’était vraiment le paradigme du connard.
Pour autant, dans ce format ramassé et intense, elle n’en oublie pas moins de construire une intrigue solide qui revient sur certains épisodes peu glorieux remontant au milieu du vingtième siècle et abordant la spoliation des œuvres d’art chez les familles juives et les trafics qui en découlèrent. Et toujours avec ce ton sarcastique qui lui va si bien.
L’écriture de Hannelore Cayre, c’est comme un bonbon acidulé. Ça pique un peu, mais on a toujours du mal à ne pas y revenir.
Des tours entouraient ce que dans les années 70 on appelait une agora ; une branlette d’architecte qui en élaborant sa maquette avait dû prévoir comme un démiurge que le bon peuple se rassemblerait en son centre pour « communiquer ». Aujourd’hui, on appelait ça une dalle et on y dealait du shit.
Efficace, non ?
Quelques pistes à explorer, ou pas...
L’avocat Chritophe Leibowitz est le personnage principal de trois romans signés par Hannelore Cayre. Tous les trois méritent le détour : Commis d’Office (2004), le présent Toiles de Maître (2005), et enfin Ground XO (2007).
Les dix premières lignes...
Dieu, donne-moi la force…
« … Mais comment tu fais pour défendre des pédophiles… Moi, je ne pourrais pas… Les assassins, à peine jugés qu’ils sont déjà dehors… Et les proxénètes… Si on touche à un cheveu de mon enfant… La castration, c’est LA solution… C’est avec l’argent du crime qu’on te paye, non ?… T’aimerais bien qu’on te viole ?… Et les gitans, avec quoi ils achètent leurs Mercedes ?… »
Je hèle Jo, le patron du troquet, et lui commande un rhum.
J’ai besoin d’un petit coup de pouce pour endurer avec le sourire ce ramassis de conneries.
Bon, j’ai tort de me plaindre.
Bergamote, malgré un prénom à coucher dehors et un penchant pour les lieux communs, est une fille sympa et patiente…
Quatrième de couverture...
Sorti de prison et plus que jamais dans la ligne de mire de son Ordre, l’avocat Christophe Leibowitz renoue difficilement avec son métier. C’est à l’occasion d’une étonnante affaire de tableaux volés qu’il s’aperçoit qu’un front invisible se mobilise pour l’éradiquer. Flanqué de ses sulfureux amis, Leibowitz part sans le savoir à la recherche de sa propre histoire et va découvrir une France hantée par ses vieux démons.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...