Maurice Gouiran

Un avis personnel...

Publié le : 31 janvier 2006

Recommandé La Mafia Turque débarque à Marseille à la poursuite de Calambo, petit voyou qui vivote avec ses quelques copains. Courses poursuites dans les rues de Marseille, exil forcé du côté de la Camargue surtout que Calambo ne comprend vraiment pas pourquoi les malfrats sont à sa recherche. Son grand-oncle Lévon arrive de New York et là, le livre bascule dans une autre histoire : celle de trois enfants accompagnés d'un journaliste et d'un ami qui traversent la Turquie pour fuir le massacre. Leur seul tort est d'être Arméniens : en ce mois d'avril 1915 commence la deuxième vague d'éradication de ce peuple.
Par le biais d'une chasse au trésor, Maurice Gouiran évoque une page sombre de l'histoire de la Turquie. Une violence, une horreur savamment orchestrée, présentée comme une déportation en vue de protéger cette population située dans des régions en guerre, alibi pour supprimer sans pitié des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Cet exode est relaté jour après jour par le journaliste dans un petit cahier car il désire laisser un témoignage aux enfants, trop jeunes pour comprendre mais bien assez âgés pour subir.
Le polar est aussi le véhicule d'idées fortes, le moyen de plonger dans une page de l'histoire, de constater que ces évènements se répètent encore et toujours, dans d'autres lieux, sous d'autres formes.
D'autant plus d'actualité que le génocide n'a toujours pas été reconnu par le gouvernement turc et que début février, un auteur de cette nationalité, Orahn Pamuk doit passer en jugement pour « insulte délibérée à l'identité turque » pour avoir osé parler des massacres des populations arménienne et kurde.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les autres livres de Maurice Gouiran, pour l'ambiance de Marseille et de sa région, et bien sûr son "collègue" Gilles Del Pappas.

Le début...

Les dix premières lignes...

Le Vieux-Port, le vendredi 13 avril
— M'man, y a le Vieux-Port qui brûle !
— Raymonde, pétan de bonsoir, tu peux pas le faire taire, ce niston ! On dirait qu'il a encore fumé la moquette ! On peut pas pioncer dans cette baraque de merde ! Le Vieux-Port qui brûle, je te demande un peu où c'est qu'il va chercher ça !.. N'importe quoi, ce minot.
Alfred Esparciamanti soupira et se retourna sur le côté, essayant en vain de retrouver le sommeil.
— Fred, oh Fred, magne-toi ! Y a le Vieux-Port qui brûle !
Le hurlement strident de Raymonde Esparciamenti relaya l'alerte de son fils (...).

La fin...

Quatrième de couverture...

Quand Sarkis et Arak traversent l'Anatolie, fuyant le génocide, l'Europe ne soupçonne pas encore l'ampleur du drame qui se joue là.
Quand quatre-vingts ans plus tard, le Vieux-Port se met à cramer comme une vulgaire pinède, Bubble et Calambo auraient dû se méfier davantage.
Quand la mafia turque débarque à Marseille à la recherche du trésor de Topkapi, difficile d'imaginer que cette ancienne histoire va rouvrir les plaies sanglantes du peuple arménien.
Quand Lévon, l'oncle d'Amérique, tente de renouer les liens du passé, bien malin qui peut deviner que la clé se trouve dans les faubourgs de la ville.