Seuil Policiers - Janvier 2013
Tags : Comédie Quidam Entre 250 et 400 pages
Publié le : 10 février 2013
Il y a un an, je n'avais pas trouvé le temps — honte sur moi — d'évoquer la parution du premier roman de Frantz Delplanque, Du Son sur les Murs, malgré tout le plaisir que m'avait procuré sa lecture ; sans doute tenterai-je de réparer cette "injustice" prochainement.
Il semblait alors qu'il s'agissait d'un de ces "one-shot" qui traversent tels de comètes le ciel sombre de la littérature policière. Je pensais ça… et j'avais tout faux : Jon Ayaramandi est de retour et prend de fait la posture du personnage récurrent.
Il n'est pas nécessaire d'avoir lu le premier épisode de ses aventures pour apprécier les qualités de ce tueur à la retraire, c'est juste que lorsqu'on a apprécié sa première composition, il est agréable de se glisser à nouveau dans son sillage.
Pour tout vous dire, Jon est un papy qui approche les soixante-dix ans mais qui reste d'une forme éblouissante malgré son grand âge. Il a pris il y a peu une retraite méritée censée clôturer une carrière de tueur à gages. Reste que malgré toute sa bonne volonté, la réalité frappe à sa porte et que le passé, sous une forme ou sous une autre, revient toujours à la surface.
Pour couler une retraite paisible, Jon s'est installé quelque part dans les Landes, en bord de mer, dans la station balnéaire imaginaire de Largos. Ainsi n'est-il pas trop loin de ce Pays Basque qui l'a vu grandir et peut-il s'entourer de quelques amis fidèles. Jean-Luc Taureau, barman dans un blockhaus aménagé est de ceux-là ; tout comme Paco, le chef des Gitans du coin ; ou encore la ravissante Perle et sa fille Luna ; sans compter Valentin, son ancien complice et chauffeur, reconverti depuis en chanteur punk, leader des Fucking Puppets… Tous ceux-là sont comme les doigts d'une seule main, liés à la vie à la mort, indissociables.
Une dernière chose à propos de Jon : c'est un véritable juke-box ambulant. Une mémoire musicale exceptionnelle qui lui fait régulièrement associer les événements à quelques plages de rock. L'homme est assez exclusif dans ses choix…
Reste que la tranquillité de Largos va bientôt être troublée par un fait divers inattendu. Un homme a été tué par la chute d'une femme tombée du ciel, sous les fenêtres de Jon. Ce dernier ne s'en serait pas soucié, plus affairé par une vilaine blessure au gros orteil et les assauts répétés d'une coiffeuse prénommée Mylène, s'il ne s'était avéré bientôt que la jeune femme n'était autre qu'une des musiciennes du groupe de Valentin. S'il ne s'était avéré, également, que Valentin ait reçu en cadeau dans son jardin le corps de la sœur de la malheureuse, balancé depuis un hélicoptère.
Sentant la menace poindre, et toujours aussi frileux à l'égard des forces de l'ordre, Jon Ayaramandi va bien devoir se remettre les mains dans le cambouis et enquêter de son côté, associé à toute sa "famille", pour tenter de résoudre cette énigme venue du Ciel…
Elvis et la Vertu, tout comme son prédécesseur, est un roman qui regorge d'une vitalité communicative qu'on doit principalement à la brochette de personnages hauts en couleur qu'il met en scène. Ceux-là forment une communauté soudée que rien ne saurait dissoudre et tissent sans cesse des liens d'amitié qui se renforcent en permanence. Entre eux, le doute n'est pas permis. Et lorsque ce conglomérat s'en prend à "l'extérieur", malheur à lui.
L'écriture de Frantz Delplanque — qui manie le sarcasme avec élégance — est d'une fluidité à toute épreuve. Travaillée en finesse en amont, elle coule dans la vallée sans que jamais rien de l'arrête, tel un ruisseau descendu de sa montagne des Pyrénées. Et d'ailleurs, il est fait la part belle, dans les "décors" de l'intrigue, à l'arrière-pays Basque, celui qui ne connaît ni la mer, ni ses rivages, ni ses douceurs…
C'est foutraque en apparence mais au final admirablement construit, imaginatif à souhait, rythmé comme un bon vieux rock, et on en redemande.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Si ce n'est déjà fait, ne ratez pas le premier épisode des aventures de Jon Ayaramandi et de sa bande dans Du Son sur les Murs.
Dans un registre similaire, on peut goûter à la fantaisie de Margot D. Marguerite avec La Vieille Dame qui ne Voulait pas Mourir avant de l'avoir Refait, ou encore celle de Benjamin Legrand dans Le Cul des Anges, paru dans la même collection.
Les dix premières lignes...
Depuis que les flics sont passés aux trente-cinq heures, leurs performances ne se sont guère améliorées. Louise avait disparu depuis près d'un an et je n'avais toujours pas vu le museau fouineur d'une de ces pauvres bêtes policières se pointer pour me renifler les arrière-pensées. Le Parquet de Bayonne avait ouvert une information judiciaire pour enlèvement et séquestration et je ne comptais même pas parmi la dizaine de témoins interrogés.
Seul mon ami Jean-Luc Taureau avait dû répondre aux investigations d'un inspecteur de la sûreté départementale. Ça s'était passé sur la terrasse de son bar, un blockhaus percé de baies vitrées permettant de profiter de la vue sur l'océan en sirotant sa bière. L'entretien avait duré une demi-heure, sans compter les interruptions pour aller servir les clients en encaisser les consommations (…)
Quatrième de couverture...
Où l’on retrouve les personnages hauts en couleur du premier roman de Frantz Delplanque (Du Son sur les Murs, Seuil, 2011) : Jon Ayaramandi, le papy tueur débonnaire, rocker dans l’âme et véritable juke-box vivant, la belle Perle, sa fille Luna, les Gitans et Valentin, le célèbre chanteur des Fucking Puppets… Cette fois, des cadavres tombent du Ciel. Du Ciel ? Avec une majuscule ? Oui, c’est bien ce qu’on veut nous faire croire.
Tiré une nouvelle fois de sa paisible retraite, dont il profitait pour écrire ses Mémoires d’assassin recommandable, Jon part à la chasse aux intégristes catholiques qui s’en prennent à ses musiciens préférés. Aidé de ses amis gitans, et d’une bombe sexuelle prénommée Mylène, la coiffeuse de Largos, il va sillonner le pays Basque en Lamborghini Murcielago, des flingues plein les poches et la rage au cœur. Miracle : entre les Pyrénées et l’Atlantique, les morts se multiplient bientôt comme des petits pains. Pas de pitié pour les ennemis du rock and roll, nom de Dieu !
Drôle et vif, énergisant, ne respectant rien si ce n’est les secrets d’une écriture millimétrée, ce deuxième roman de Frantz Delpalanque est le tremplin dont nous avons besoin pour une authentique élévation spirituelle.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...