Balancé dans les Cordes

Jérémy Guez

La Tengo Editions - Février 2012

Tags :  Roman noir Polar social Polar urbain Vengeance Truand Quidam Paris Années 2000 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er mars 2012

Recommandé Tony est un gars sans histoires qui vit dans les tours, du côté d'Aubervilliers, avec sa mère et sous la surveillance de son oncle. Son père, Gitan de passage, il ne l'a jamais connu.
Dans la cité, Tony ne se mêle pas des trafics, mais depuis qu'il a commencé la boxe, on lui fout plutôt la paix. Et puis, depuis le collège, il est pote avec Moussa, devenu depuis le dealer en chef du quartier, ça aide…
Tony est à un mois de son premier combat pro, en phase de préparation. Une manière de s'en sortir, d'offrir un vrai toit à sa mère en l'aidant à se défaire de ses mauvaises fréquentations, l'occasion aussi de se soustraire à la tutelle de son oncle bienveillant…

Au bout d'un moment, ça devient si moche qu'on a envie de tout arrêter. On se dit que ça ne vaut pas le coup d'essayer de se bagarrer. On a le monde entier contre soi, alors plus tôt on abandonnera mieux ça vaudra.

En plaçant en exergue de son second roman cette phrase de David Goodis (extraite de Retour à la Vie), Jérémy Guez donne le ton : la couleur dominante de ce nouvel opus sera une nouvelle fois le noir.
Après la parution de Paris la Nuit, largement salué par ne nombreuses critiques élogieuses, on attendait avec impatience le second volet de cette trilogie parisienne annoncée. Il n'est pas toujours évident, lorsqu'on a suscité l'espoir chez nombre de lecteurs, de poursuivre sur la lancée et de transformer ce premier essai. Je vous rassure tout de suite, Jérémy Guez ne fait pas que confirmer le talent qu'on lui soupçonnait déjà, il l'étale au grand jour.

Balancé dans les Cordes est un roman plein, abouti, maîtrisé de bout en bout, avec toujours ce style aux phrases courtes et efficaces comme un uppercut. Et si Goodis apparaît en exergue, le hasard n'y est pour rien. On est à la fois dans la grande tradition du roman noir, version américaine, et face à un personnage des bas-fonds, version banlieusarde parisienne, bientôt entraîné dans une glissade infernale.
Tony est un bon gars, discret, avec la rage au ventre ; une colère rentrée qu'il arrive à canaliser depuis que son oncle l'a poussé vers le ring. Au milieu des cordes, il a trouvé quelque chose comme de la reconnaissance, une manière de s'échapper de l'environnement dans lequel il vit. Mais on n'échappe pas à son environnement. Pas quand votre propre mère s'y vautre. Pas quand il faut défendre son honneur parce qu'un tordu l'a battue et envoyée à l'hôpital.

La cité est un clan, avec ses règles, sa hiérarchie, ses territoires. Tony le sait bien. Il sait aussi qu'il lui faudra de l'aide pour venger sa mère et pour que cette vengeance soit perçue comme une affaire sans suite. Il s'adresse donc à Miguel, croisé au bord du ring, un caïd respecté, et met un doigt dans un engrenage qui ne s'arrêtera plus…

Balancé dans les Cordes est l'histoire d'une descente aux enfers, une manière de dire qu'on échappe pas à son milieu. Ça pourrait être un roman glauque, poisseux, mais ce serait sans compter sur la colère de Tony qui irradie les pages et fait de lui, à l'instar des personnages de Goodis, un perdant magnifique.
Jérémy Guez signe ici un roman qui le situe dans la cour des grands, franchissant allègrement et d'un pas vaillant la distance qui l'avait cantonné jusque-là du côté des écrivains prometteurs. On est dans la continuité de Paris la Nuit, sur le même fil, et à la fois un cran au-dessus.
Et on attend le troisième volet de la trilogie… de pied ferme.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Si ce n'est déjà fait, ne passez pas à côté de Paris la Nuit.

Le début...

Les dix premières lignes...

— Bouge, allez bouge putain ! Donne du rythme !
La sueur me pique les yeux ; mon casque, trop serré, compresse mes tempes. Les gencives à vif, mordues par le protège-dents qui m'empêche de reprendre mon souffle. Une sale tempête s'abat sous mon crâne. Le type boxe mal. Il est d'une lenteur incroyable. Il doit faire 20 kilos de plus que moi et pourtant je peux le coucher sans même que ses poings effleurent ma joue. Pas ce soir. J'ai les jambes lourdes, le dos bloqué. Je vois les coups venir à des kilomètres mais mon corps ne répond pas (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Tony est un jeune boxeur ; garçon sans histoires, il consacre sa vie au sport, prépare son premier combat pro et se tient à l'écart des trafics qui rythment la vie de la cité. Mais il doit composer avec une mère à problèmes, qui se laisse entretenir par des voyous. Tout dérape lorsque l'un d'entre eux la bat et l'envoie à l'hôpital. Tony décide de faire appel à Miguel, la caïd de la ville, pour étancher sa soif de vengeance. Mais dans ce milieu, rien n'est jamais gratuit. La faveur demandée a un prix, celui du sang. Tony, qui doit payer sa dette, entame alors une longue descente aux enfers…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Jérémy Guez










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