Trois Semaines pour un Adieu

Un avis personnel...

Publié le : 30 décembre 2011

Jack McGuane et sa femme Melissa ont adopté une fillette à sa naissance, il y a neuf mois. Alors, quand le téléphone sonne pour leur annoncer que le père biologique réclame son enfant, c'est la sidération qui les gagne…
Le géniteur n'a que dix-huit ans, mais il est le fils du juge Moreland, homme d'influence et grosse fortune locale, qui a pris les choses en main, son fils n'ayant jamais renoncé explicitement à ses droits de père. De fait, Garrett Moreland est une petite ordure, un enfant gâté, méchant, d'une froideur extrême, qui joue au dur, et il ne sera pas facile de lui faire entendre raison ni de s'opposer à la volonté de son père.
Pour les McGuane, une seule solution : que Garrett renonce à ses droits, sans quoi ils devront rendre l'enfant, mais la première entrevue des parties révèle un père intransigeant sur les principes moraux, menaçant, et un fils qui ne porte aucun intérêt à son enfant, préférant passer son temps à reluquer Melissa en glissant des sourires narquois à Jack. La partie s'annonce difficile… Et le couple McGuane de s'en remettre à deux de leurs amis : Cody, flic à Denver, et Brian, promoteur immobilier.

C.J. Box nous avait habitués aux grands espaces de l'ouest américain, à l'air pur des montagnes, aux nuits étoilées. Cette fois c'est en pleine ville qu'il plante son intrigue, délaissant pour un temps son rangers récurrent Joe Pickett.
Pour autant, la morale un peu rigide de Pickett n'est pas très loin, et ajoutée au puritanisme de la société américaine, à ses bonnes manières de façade qui font du cynisme une qualité, elle donne un roman engagé qui met en scène un personnage de puissant, politiquement correct jusqu'au bout des ongles, et foncièrement pourri jusqu'à la moelle.

Vous l'aurez compris, ici les camps sont biens tranchés ; les gentils d'un côté (un couple d'américains moyens en mal d'enfant), les méchants de l'autre (un juge corrompu et son fils psychopathe), sans nuance. Trois Semaines pour un Adieu ne fait pas dans la dentelle ; ce genre d'affaire se règlera de manière expéditive.
Tout juste montre-t-il, par endroit, le fonctionnement de la justice américaine (l'officielle), qui au lieu de prouver l'innocence ou la culpabilité, ne cherche qu'à salir les parties pour insinuer ce fameux "doute raisonnable", laissant ainsi la part belle à ceux qui en ont les moyens.
Le roman n'est pas excessivement mauvais — C.J. Box à du métier dans la conduite de son récit — mais on ressort de cette lecture avec le sentiment qu'en caressant ainsi dans le sens du poil les bas instincts de la loi du Talion, on ne sort pas forcément grandi de l'histoire.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les aventures de Joe Pickett (du même auteur), rangers détective, sont sans aucun doute plus crédibles et moins manichéennes.