Riches Cruels et Fardés

Un avis personnel...

Publié le : 24 décembre 2010

Croconet Resort, un hôtel luxueux du bout du monde, du bout de l'Australie, face à la grande barrière de corail et dos à la forêt vierge. Un petit paradis pour une clientèle sélectionnée, exigeante, homosexuelle. On arrive là en compagnie de Ashe, quadra solitaire en vadrouille :

J'ai plus de quarante ans mais moins de cinquante. C'est ce qui est marqué sur mon passeport. Je ne triche jamais sur mon âge. J'aimerais bien parfois en avoir moins. Parfois, parfois pas.
J'ai eu le temps de vivre, je continue à la faire. J'aime la découverte, celle du monde et des corps. La vie est un choix et je dis souvent oui.

Étrangement, alors qu'il se prête au jeu des flirts, qu'il a choisi le lieu de son séjour avec précision, on sent Ashe comme détaché de la communauté gay, en observation.

Je n'ai pas d'opinion sur la communauté gay. Je devrais parce que d'une manière ou d'une autre… Disons que je n'aime pas l'uniformité et les uniformes qui vont avec. Les clones d'Oxford Street à Sydney m'énervent un peu, même si je les trouve attendrissant à arpenter Taylor Square en se tenant par la main. Je n'aime pas trop les vieilles folles, mais je les trouve courageuses. (…)
Je me sens bien avec eux. En général, je préfère les chiens aux enfants et les hommes aux femmes.

L'hôtel est quasiment désert, c'est la morte saison. Seuls quelques clients, le plus souvent en couple, le plus souvent des étrangers, sont au rendez-vous. Et puis un orage approche, un très gros, de ceux capables de couper du monde une résidence de luxe perdue au nord de l'Australie.
Hervé Claude nous convie à un huis clos à ciel ouvert. Les disputes, les rancœurs, les règlements de compte sont au menu, avec comme ligne directrice une peinture de la communauté gay en Australie, sans doute le pays au monde où elle est le plus à l'aise, respectée, voire même courtisée. Cependant, comme l'indique le titre du roman, le tableau n'est pas forcément idyllique.
Pour arriver à ses fins, Hervé Claude use d'une construction très sophistiquée où le récit s'écoule à l'envers, en remontant le courant, et en s'énonçant à plusieurs voix. Ashe ne vit pas, il raconte. Il en sera de même pour les autres personnages lorsqu'ils prendront à leur compte la narration. Du coup, on s'y perd un peu. Les éclairages divers compliquent la mise au point. On a du mal à comprendre le pourquoi de ces morts, les motivations. Les personnages restent obscurs, traversent le récit sans qu'on puisse s'attacher à eux.

Hormis les portraits de quelques homos, de leurs différentes approches de leur sexualité, Riches, Cruels et Fardés est à mon sens un roman raté, trop alambiqué pour convaincre.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pour une aventure qui, si elle est homosexuelle, n'en reste pas avant tout humaine, lisez l'excellent premier roman de Sophie Di Ricci, Moi comme les Chiens.