La Décalcomanie

Sophie Couronne

Après la Lune - Avril 2010

Tags :  Quidam Années 2000 Populaire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 15 mai 2010

La Décalcomanie, c'est l'histoire mouvementée, agitée, d'une jeune adolescente à tendance suicidaire — au point de passer à l'acte, pour se rater — qui revient sur les circonstances qui l'ont menée au guidon de cette mobylette presque fatale.
Fille d'un gendarme, ballottée au gré des affectations, et d'une institutrice qui n'aurait jamais voulu avoir d'enfant, telle est Zita, réfugiée au pays des livres, mais qui garde un œil grand ouvert sur ceux qui l'entourent.

Dans ce portrait cinglant qui fleure l'autobiographie, Sophie Couronne fait preuve d'une énergie communicative pour revenir débroussailler au pays de l'enfance. L'écriture est vive, enlevée, rythmée, et si le constat est accablant, l'humour — forcément noir — est là pour le faire passer. Et c'est tout un modèle éducatif qui en prend pour son grade — normal, le père est militaire.

Tous les gosses de la caserne étaient tous très obéissants, petits. Et tous enfants « à problème », au moment d'accoster l'adolescence. Des fugues, de la dope, de l'alcool, des suicides juvéniles. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous ? se demandaient consternées les militaires, ils ont eu pourtant l'éducation qu'il fallait, à coups de trique, dans le droit chemin, à mon commandement, marche !

De là à penser qu'en matière d'éducation, il n'y a pas de modèle à appliquer, il n'y a pas si loin. Sophie Couronne le rappelle, montrant que la voie de Zita fut plus tracée par les livres alignés dans sa mémoire que par les brimades prodiguées par ses chers parents.
Un doux parfum seventies flotte sur ce roman, mais pas forcément celui auquel on pense…

P.S. : Un long passage sur la couleur beige — trop long pour le citer ici — qui vaut quasiment à lui seul le déplacement…


Djeddah est le second texte de Sophie Couronne dans ce "recueil".
Zita a grandi. Les temps sont durs, même pour les ingénieurs du son. Alors quand on lui propose un concert unique payé mille euros, Zita dit banco !

Une seule date, mais à sept heures d'avion : Djeddah, en Arabie Saoudite.
— Et on sonorise ?
— C'est une fête de mariage, précisa la voix molle. Le mariage d'un prince, le fils du boss de la plus grande banque d'Arabie Saoudite. Le cheik Ben Mahfez. Il organise trois semaines de fête, banquets-concerts-vidéo-cinéma…
— Et le pourquoi du comment de la nécessité d'un ingé-son femelle ? s'enquit-elle, suspiscieuse.
— J'y viens, mademoiselle, j'y viens. Une journée de ces festivités sera dédiée aux femmes, aux femmes exclusivement. Il faudra donc que les techniciens soient, bien évidemment, des techniciennes. Vous n'êtes pas sans savoir que les hommes et les femmes ne peuvent cohabiter, dans certains pays, et dans les lieux publics.

Le décor est planté — au milieu du désert, ou presque — et propose une virée dans les mœurs étranges de l'Arabie Saoudite. Inattendus. Le regard reste acerbe, ironique sans jamais tomber dans le cynisme, et Zita n'a rien perdu de l'énergie ou de la colère qui étaient siennes plus jeune.
Attention, ça n'est pas non plus de la sociologie… Dans les milieux du show-biz, fut-ce du côté des techniciens, il se passe aussi de "drôles" de choses…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Si ici Caryl Férey invite Sophie Couronne et que leurs textes se juxtaposent, tout en se répondant, il y a fort à parier que lorsqu'ils écrivent à quatre mains, l'expérience soit concluante.
À lire donc, le Poulpe qu'ils ont commis ensemble : D'Amour et de Dope Fraîche.

Le début...

Les dix premières lignes...

À quinze ans, je me suis tuée.
Je dérivais sur ma mobylette, broyant des cendres, à la sortie du lycée. Serrant les dents sur la mentonnière de mon casque, je psalmodiait des joyeusetés façon marabout d'ficelle de ch'val : j'en ai marre/marécage/cage aux fous/foutre en l'air/l'air de rien/rien à foutre… Keske ch'suis/suicidaire/dernière fois… J'essayais toujours d'enfiler des mots pour que ça fasse un collier, un bijou, quelque chose de beau, d'utile pour l'oiseau. Mais l'oiseau était à bout de souffle, au bout de tous les rouleaux (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

L'invitation au Noir
1 livre, 2 auteurs, 4 textes

Consacré en 2009 avec son sixième roman Zulu (adaptation au cinéma, 10 prix littéraires), Caryl Férey inaugure la collection L'Invitation au Noir avec sa complice Sophie Couronne, avec qui il a déjà écrit des fictions radiophoniques, ainsi qu'un épisode du Poulpe, D'Amour et de Dope Fraîche.

Dans La Décalcomanie, Sophie Couronne raconte avec une pêche ébouriffante le miracle de Zita, une adolescente qui se sert de son suicide raté comme d'un tremplin vers l'absolu. Dans Djeddah, devenue adulte, Zita se retrouve embarquée avec quatre "copines" dans une épopée en Arabie Saoudite.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Sophie Couronne










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