Le Royaume des Sables

Un avis personnel...

Publié le : 27 janvier 2010

Jeanne Sorbier a vingt-trois ans, elle est une sorte de fashion victim qui suit toutes les modes, pas seulement vestimentaires ; une véritable éponge médiatique. Vivant avec son père, véritable papa-poule et plombier dans le 9-3, elle travaille comme stagiaire dans un institut de beauté parisien. C'est là qu'elle rencontre incidemment André Ravanel, entrepreneur sexagénaire à la recherche d'une jeune assistante pour le lancement d'un nouveau cosmétique ciblé "jeune". Pas ses connaissances des "tendances", Jeanne lui semble être une excellente recrue qui se retrouve illico embauchée et bascule avec bonheur dans le monde de la publicité.
Son premier job consistera à accompagner une équipe de tournage partant réaliser le spot de lancement de "La Roses des Sables" dans le désert du Thalifet (quelque part sur la route de la soie). Or, c'est justement là qu'il y a peu se sont fait enlever quelques patrons français, libérés contre rançon. Jeanne rassure son père en lui précisant qu'il n'y a aucun risque, que l'équipe sera protégée par les autorités locales, et que le Thalifet est grand comme cinq fois la France, assez vaste pour ne pas rencontrer de ravisseurs…

On s'en doute, le tournage ne sera pas de tout repos… et c'est la grande aventure qui attend Jeanne au bout du chemin.
Naïve, mais aussi franche et directe, elle débarque dans un univers à l'opposé de son petit monde parisien. Le désert… avec sa beauté captivante, et aussi ses dangers.
L'équipe se fait voler du matériel indispensable à la poursuite du tournage et, partie vers la ville la plus proche le remplacer, laisse Jeanne seule au campement en compagnie du guide-interprète, Kashang, et de quelques hommes. Malheureusement, la police et l'armée locales, échaudées par les dernières prises d'otages et souhaitant se faire bien voir de l'opinion internationale, interprète mal la situation et décide d'envoyer une escouade récupérer la jeune femme. Un quiproquo en amenant un autre, ce sont cette fois Kashang et ses compagnons, hommes du désert, qui prennent l'arrivée des militaires comme une traîtrise et décident de s'enfuir, emportant avec eux Jeanne.
Le jeune femme n'est pas terrorisée par ses accompagnateurs, mais pas non plus complètement sereine devant les événements. Par contre, elle attend avec impatience la rencontre que lui a promis Kashang : celle de son chef, Al Hassan Kel Izmad, le prince errant…

Le Royaume des Sables est une fable, un conte, un roman d'aventure, écrit par un amoureux du désert et de ses habitants, de ses traditions ancestrales, de ses légendes. Mais c'est aussi par certains côtés un roman réaliste qui nous rappelle que dans ce néant grouillant (le désert du Thalifet ressemble fort à certains coins de l'Afghanistan, ou de l'Irak) s'agitent aussi ceux qu'on qualifie souvent de terroristes. Réaliste parce que les situations, inextricables, sont montrées avec un regard qui oublie le manichéisme pour s'attacher aux hommes et aux femmes, à leur parcours.
Reste que cet arrière-plan dramatique est ici marié avec la fraîcheur naïve de Jeanne qui, sans aucune arrière-pensée, se laisse "bercer" par la douce musique du désert, insensible au temps qui passe comme aux bruits du monde.
Bon, ceux qui chercheront ici un cours magistral de géopolitique seront sans doute déçus du voyage — on reste dans la fiction, même "éclairée" — mais les autres sentiront que c'est le vent de l'aventure qui souffle au Royaume des Sables, portée par une écriture vive et sensible qui prouve que la naïveté n'est pas toujours un défaut et qu'elle peut mener au bout du monde.
Un roman reposant où la fureur s'efface, pas comme l'espoir.

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