Sonatine - Septembre 2009 - Traduction (anglais) : Julie Sibony
Publié le : 04 décembre 2009
(…) l’ancienne Route 66, dont les Blancs américains gardent un souvenir attendri car elle leur évoque l’époque innocente où la cigarette ne donnait pas encore le cancer et les gaz d’échappement ne perçaient pas de trou dans le ciel. L’époque d’avant la drogue et les homosexuels, quand les seules choses qui menaçaient le monde étaient la Russie soviétique, les extra-terrestres agressifs ou peut-être de temps en temps un insecte mutant, tombé par inadvertance dans un réacteur nucléaire et faisant désormais cinq mille fois sa taille d’origine, qui s’apprêtait à dévorer Chicago.
En somme, la Route 66 est le symbole de ce dont l’Amérique blanche est vraiment nostalgique : un temps qui n’a jamais existé.
Les protagonistes de cette histoire ne sont pas des héros mais des gens moyens, parfois médiocres. Éparpillés entre États-Unis, France et Ecosse, tous vivent une phase critique de leur vie. Leurs pérégrinations permettent à l’auteur de parler d’un pays, les États-Unis, et d’un modèle de société. C’est un roman barré, autant que ses personnages sont tarés. Ils tentent bien de prendre leur vie en main, que ce soit Saul et Leon les frangins reconvertis en évangélistes hollywoodiens, ou Fraser le prêcheur débauché qui a Jung pour ami imaginaire. Même George le cancéreux en phase terminale a besoin de finir en beauté.
Craig Ferguson place la religion au centre de son propos, et plus précisément la vente de mirage pour des individus qui, au quotidien, ont un comportement de plus en plus insensé. Il faut lâcher prise pour apprécier ce roman très iconoclaste, ne pas essayer de suivre une ligne directrice, accepter de se retrouver dans un monde ou mysticisme et psychiatrie sont assez proches. La faiblesse tient donc dans un manque de propos cohérent et global, mais c’est à chacun de se le faire, peut-être à l’aide des précisions (embrouilles ?) adressés par l’auteur au lecteur en fin de roman.
De nos jours, on maîtrise les petits Écossais grâce au système bien plus humain de la Playstation et de l’héroïne.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Dans le même genre, mais à mon sens plus réussi, il y a le Callisto de Torsten Kroll.
Les dix premières lignes...
Le coin était fréquenté par des créatures à sabots fendus. Ils ne savaient pas trop lesquelles. Un petit surdoué comme Gordy McFarlane, alias Face à Pois, aurait peut-être su le dire, mais les rares informations sur la faune et la flore dont disposaient Fraser et George leur venaient des émissions pour enfants et des posters gracieusement offerts avec leurs chaussures de marche Pathfinder ; celles avec une mini-boussole incrustée dans le talon, que désormais ils ne voudraient plus porter pour rien au monde. Des chaussures de gamin (…)
Quatrième de couverture...
Après des années de débauche médiatique, une rédemption est-elle encore possible ? C'est la question que se pose Fraser, star de la télévision écossaise qui, après avoir été au cœur d'un scandale sexuel, décide de se refaire une virginité en gagnant la Floride, à l'invitation de deux jumeaux nés d'une soirée de débauche entre leur mère et le Rat Pack de Frank Sinatra. Après des années de mariage sans amour et avec pour seul horizon la maladie, reste-t-il encore un espoir ? C'est ce que se demande George, un avocat de Glasgow, en route pour un dernier tour de piste entre Londres et Paris, où l'attend une femme merveilleuse dont les six derniers maris sont décédés de mort violente. Fraser et George, les deux amis d'enfance, auraient-ils perdu leur âme ? Et comment la retrouver dans un monde où télévangélistes, scientologues, patrons de studios bipolaires et escort girls hystériques finissent par rendre les serial killers sympathiques ? Dans la lignée de Seth Greenland et Jonathan Tropper, Craig Ferguson tire à vue, dans ce roman diablement contemporain, et témoigne d'une incroyable capacité à saisir les travers de notre culture. Féroce et drôle, ce récit est de ceux qu'on n'oublie pas.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...