Le Bûcher de la Salamandre

Jean-Christophe Gerard

Ravet-Anceau - Janvier 2009

Tags :  Comédie Psychologie Quidam France Années 2000 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 14 février 2009

Fabien Gabryel, la quarantaine, prof, écrivain en mal d'inspiration et passablement déprimé, est "sauvé" cette nuit-là d'un geste fatal par le coup de téléphone d'un ami qui l'appelle à l'aide : sa mère est devenue folle.
Fabien prend ce qui lui reste de courage à deux mains et, bien que sans permis, emprunte la voiture de sa femme pour rejoindre Benjamin, en mauvaise posture. À l'arrivée, il est accueilli par Suzanne, la mère, nue sur le pas de la porte, une fourchette à barbecue dans la main et visiblement pas dans son état normal.
Tentant de résister aux avances pressantes de la mère de son ami, Fabien réussit bientôt à libérer Benjamin, séquestré dans sa chambre, mais lorsque les deux hommes décident de rejoindre Suzanne, celle-ci s'est volatilisée…

Cocasse… c'est le moins qu'on puisse dire de cette situation créée par Jean-Christophe Gérard à l'entame de son roman. Et puis il y a ce personnage et narrateur — Fabien — comme le prototype d'un homme qui se regarde un peu trop le nombril tout en étant conscient de sa propre banalité (ou l'inverse) ; un constat quelque peu amer :

J'ignore pourquoi j'ai dit ça, mais dans l'instant, j'étais assez fier de cette phrase. Il me semblait qu'elle me donnait une certaine allure détachée et magnanime qui m'allait bien. Bien entendu, il ne m'échappait pas qu'il s'y mêlait un peu de complaisance, mais on n'est pas obligé d'être toujours absolument intransigeant. Durant quelques secondes, je me suis bien aimé.

Le ton est plutôt désenchanté, et il plane un gros nuage de forte déprime au-dessus de cette histoire, contrebalancé par un humour tout en retenue, lucide.
C'est bavard comme un film de Woody Allen (même si le récit ne comporte quasiment pas de dialogues et s'apparente plutôt à un long monologue), tout aussi spirituel, et d'une grande justesse dans les observations.
Fabien observe ses semblables, les progressions combinées de l'individualisme forcené et de l'ennui, avec sa dépression et ses bouteilles pour unique compagnie.

De fait, dans toute la première partie du roman, il ne se passe quasiment rien (sinon la disparition de la mère) sans pour autant que ce soit en aucune manière dérangeant. Fabien, Benjamin et sa copine Armande sont des incapables invétérés, absolument dépourvus du moindre sens de l'action, à un point qui en devient même inquiétant. Ils en deviennent risibles, à leur corps défendant.
C'est là qu'intervient le père de Benjamin, Jean-Marc, divorcé de sa mère, mais qui connaît son côté déjanté, ses problèmes psychologiques, et le fait qu'elle ait fait appel à une sorte de psycho-gourou, célébrité de la région à la réputation sulfureuse.
Après quelques rapides explications autour du personnage de Suzanne, l'action prend enfin le pas sur l'indolence, et l'aventure, du coup, un tour beaucoup plus tragique.

On est très très loin du polar classique, avec victime, coupable, enquête ; si loin que certains iront même jusqu'à penser qu'on n'y est pas du tout.
Mais au diable les étiquettes !... Il y a de l'intelligence et de l'humour à revendre dans ces pages-là, et ça n'est déjà pas si mal.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Roman atypique… Difficile de donner des pistes. Attendons la suite (Le Bûcher de la Salamandre est un premier roman)…

Le début...

Les dix premières lignes...

Un type qui écrit est difficile à supporter. Un type qui ne parvient pas à écrire est invivable. Je laissais toujours le volume du téléphone réglé au minimum. J'en faisais une affaire de principe. Une dérisoire compensation que je me sentais tenu d'offrir à ma femme et à ma fille : j'étais invivable, mais au moins avais-je l'élégance d'être le moins bruyant possible (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Écrivain hanté par le thème de la disparition, Fabien Gabryel est appelé à la rescousse par un ami dont la mère semble avoir perdu la raison. En pleine nuit, sous la neige, la troublante Suzanne disparaît de façon énigmatique. De Lilles à Valenciennes jusqu'en Avesnois, Fabien Gabryel, en proie à ses propres démons intérieurs, se lance sur les traces de cette femme déboussolée. Les surprises ne font que commencer…


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Jean-Christophe Gerard










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition