Tonino Benacquista

Un avis personnel...

Publié le : 04 septembre 2006

Quinze nouvelles qui déclinent toutes les nuances du noir, mais qui nous montrent comment Tonino Benacquista sait jouer avec les mots, les personnages, les ambiances. Difficile d'évoquer chacune d'elles car la surprise, la découverte sont des éléments importants du plaisir donné par cette lecture.
D'une situation policière classique comme dans la nouvelle intitulée Chasseur de Pizza, il développe une intrigue délirante : oui, il y a un sérial killer dans le 13ème arrondissement de Paris mais il ne s'en prend qu'aux livreurs de pizza.
Les joies et peines de la cohabitation sont évoquées dans le Requiem contre un Plafond, un humour grinçant et une imagination débordante transforment une situation assez banale en une histoire percutante et noire.
Dans une autre, une Foire au Crime est organisée avec toutes les catégories professionnelles représentées, du tueur à gages au témoin de dernière minute...
Et surtout ce premier texte Le Jardin des Mauvais Garçons qui retrace la journée d'un homme ayant trouvé des armes dans son grenier et veut savoir ce que l'on ressent quand on circule avec un revolver dans la poche. Il devient autre, s'interroge :

"J'ai vécu toute une série de premières fois...
J'ai joué de toute la gamme des sentiments inconnus, l'arrogance, le cynisme, le mépris...

Une expérience qui débute comme un jeu et finit par une remise en cause totale de sa vie.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Plongez-vous dans la lecture des aventures d'Antoine qui ont été regroupées dans un même volume Quatre Romans Noirs (La Maldonne des Sleepings, Les Morsures de l'Aube, Trois Carrés Rouges sur Fond Noir, La Commedia des Ratés) et dégustez également quelques-unes de ses autres nouvelles.

Quatre Romans Noirs - Folio Policier (mai 2004)

Le début...

Les dix premières lignes...

Le Jardin des mauvais garçons :
Il était sept heures du matin quand j'ai rencontré ce revolver. Une rencontre, c'est le mot. J'ai eu l'impression de faire la connaissance de quelqu'un. Je me suis décidé à le prendre dans ma main, pour voir si j'en étais capable, pour savoir ce qu'on éprouvait à ce moment-là. Ça a commencé dans la paume, comme un frisson qui a très vite gagné l'avant-bras. J'ai serré le poing le plus fort possible. Je n'ai pas pu m'empêcher de jouer, le sortant dix fois d'un holster imaginaire (...).

La fin...

Quatrième de couverture...

"Il suffit de prononcer le mot " Colt " et l'on a changé de bord. Errer dans les rues avec un revolver en état de marche, c'est saisir la chance d'être un autre. Immédiatement, dès le tout premier contact, des idées me sont venues à l'esprit, des choses auxquelles je n'avais jamais pensé. Jamais."
Une foire au crime, un chasseur de pizza, un balcon meurtrier, un violoncelle qu'on assassine et un Van Gogh gravé dans la peau sont autant de pièces d'un engrenage cynique et burlesque, un laminoir de l'innocence. Une machine à broyer les petites filles.