Finitude - Janvier 2025
Tags : Roman historique Comédie Quidam Lyon Années 1970 Moins de 250 pages
Publié le : 08 mai 2025
C’est la grosse déprime chez Victor Bromier, au poing de caresser des idées suicidaires, mais au lieu de passer à l’acte, il s’arrête dans le premier bar, commande un demi, puis un second, avant de passer au Jack Daniels.
Lui est à Lyon, et à Paris, le président s’appelle Giscard d’Estaing. Victor, commercial chez un fabriquant de parapluies s’est fait virer comme un malpropre. Il n’a cependant pas encore osé l’annoncer à son épouse. Trois semaines que ça dure, qu’il fait semblant d’aller au boulot, la mort dans l’âme.
C’est un sentiment de colère rentrée qui anime Victor, ou de trahison pour celui qui s’est toujours montré bon petit soldat. Du coup, il remet tout en cause, y compris son couple, sa famille, sa vie bien rangée.
C’est là qu’il rencontre Corinne, au hasard d’un bistrot, jeune femme révoltée au discours conforme aux révolutionnaires de l’époque. Sa fougue et sa beauté emportent Victor.
C’est quand même marrant, dans ce pays, on nous bassine du matin au soir avec la démocratie et ses valeurs, et après faudrait qu’on se lève tous les jours pour aller bosser dans un endroit qui en est l’exact opposé. Bah ouais, réfléchis, quand tu bosses dans une entreprise, ton patron c’est quoi ? Un homme, évidemment, bourgeois, élu par personne, qui détient tous les pouvoirs, le plus souvent par hérédité, et qu’a à peu près tous les droits sur ses employés : les engueuler, leur mettre une main au cul, leur faire du chantage, les virer, les crever à la tâche comme des esclaves… Et faudrait supporter ça quarante heures par semaine jusqu’à ce que mort s’ensuive. Tu parles d’une démocratie !
C’est léger, si léger qu’on aurait aimé un peu plus de consistance. Si les références à l’époque parsèment le récit et apparaissent comme sympathiques — on s’amuse même un peu à les dénicher au fil des chapitres — elles ne constituent au fond qu’un vague décor, un prétexte à dérouler une intrigue cousue de fil blanc, sans rebondissements majeurs et à la fin précipitée.
Les chapitres sont courts, réduits à leur plus simple expression, l’auteur de s’embarrassant ni avec les développements, ni avec les détails.
Peut-être mon erreur a-t-elle été d’enchaîner la lecture de ce roman avec le Bleus, Blancs, Rouges de Benjamin Dierstein, passant ainsi, autour de la même époque, du torrent furieux au ruisseau bucolique.
La transition s’est révélée un peu sévère…
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Désolé, pas d’idée…
Les dix premières lignes...
Il pleuvait comme ça depuis trois jours, une eau lourde et grasse frappant au visage les passants les plus téméraires.
À première vue, Victor Bromier semblait de ceux-là.
Lui aussi arpentait les rues de Lyon d’un pas décidé, fuyant même, quoique sans véritable but précis, puis stoppant sur les quais, Bromier, sans un regard pour la cathédrale qui surplombait l’endroit, les yeux perdus dans les eaux glauques de la Saône, avec l’espoir improbable qu’une vague vînt à l’emporter.
Il ne pouvait se résoudre à sauter. Pas plus qu’il n’envisageait la pendaison ou l’empoisonnement. Était-ce la fierté, ou bien une certaine forme de lâcheté, une force étrange l’empêchait de mettre fin à ses jours.
Il n’avait plus d’autre choix, pourtant, que de rentrer à la maison, malgré la honte et la colère, affronter femme et enfant pour leur dire la vérité. Mais un petit verre, d’abord, un seul, se promit-il. De quoi se donner un peu de courage.
Quatrième de couverture...
En ce soir d’hiver 1979, Victor Bromier s’attarde dans un bar-tabac à l’angle du quai Saint-Antoine à Lyon. Il vient d’être licencié de son emploi de représentant en parapluies et noie sa colère et ses illusions dans le Jack Daniel’s. Et là, ça lui tombe dessus, dans un éblouissement, dans un éclat de voix : un tourbillon qui s’appelle Corine. Coup de foudre immédiat et improbable entre la fougueuse révolutionnaire et l’ex-VRP « petit-bourgeois ». Alors il abandonne tout pour sa belle passionaria, vite convaincu que « la lutte des classes n’attend pas ». S’ensuivent braquages, cavales rocambolesques, rencontres épatantes… Bref, c’est un peu Bonnie & Clyde sous Giscard !
Dimitri Kantcheloff paie ici son tribut au cinéma, à la musique et à la littérature de l’aube des années 80, trouvant la bonne distance entre parodie amusée et hommage. De Manchette à Echenoz, de Georges Lautner à Bertrand Blier, il parsème cette tragi-comédie rock’n’roll de clins d’œil malicieux à ses aînés.
Sa trombine... et sa bio en lien...
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