Carabistouilles Fiction

Un avis personnel...

Publié le : 30 avril 2012

Après sept ans d'absence, Silas est de retour en France et découvre dès l'aéroport les quelques changements intervenus depuis son dernier passage par le doux pays des Droits de l'Homme. Et en premier lieu la quantité de forces de l'ordre, stationnées un peu partout, et armées jusqu'aux dents…

J'adore les histoires glauques, si tu m'entretenais de la récente histoire de France, hein ?

Situé dans un futur proche, le roman de Léonard Taokao met en scène une sorte de baroudeur de retour au pays après quelques années d'absence. Entre temps, un président s'est fait élire sur un programme sécuritaire mais la situation générale ne s'est guère améliorée.
Lorsque Silas foule le sol parisien, c'est pour découvrir que le communautarisme a pris le pouvoir, que les quartiers qu'il a connus (entre la Place Clichy et le Père Lachaise, soient les quartiers plutôt populaires de Paris) sont désormais sous la coupe de bandes plus ou moins organisées répondant à toutes sortes d'idéologies : religieuses, philosophiques ou autres. Les dealers, les proxénètes, les trafiquants de tous genres se partagent un semblant de pouvoir qui leur a été abandonné par le vrai pourvoir : celui de la Rive Gauche.
De ce côté-là de la Seine, c'est chacun pour soi, et advienne que pourra…

Dans ce cloaque qu'il ne reconnaît pas, Silas avance à pas comptés. Il décrit, à la première personne, ses rencontres et, forcément, ses galères.
La misère est ce qui se partage le plus facilement, quand bien même personne ne réclame sa part.
Après quelques péripéties, Silas finit par rejoindre un groupe organisé qui accepte sa présence (les places sont chères et la méfiance règne) et découvre quelques énergumènes de la mouvance anarchiste prêts à résister. Mieux : prêts à attaquer…

Carabistouilles Fiction est un premier roman écrit à la première personne dans un style brut de décoffrage. On y sent un récit jeté en vrac sur la page blanche, dans un flux continu. Pas de fioritures, pas de tournures de phrases, quelques envolées parfois grossières ; on n'est pas là pour faire dans la finesse mais plutôt signifier une forme de rejet.
C'est parfois bancale, un peu exagéré, mais sincère. Alors au bout du compte, malgré les défauts de jeunesse, dans l'urgence, ça tient la route. Ça n'est pas toujours confortable, mais il semble bien que ça n'était pas prévu pour l'être…
Carabistouilles Fiction offre également un regard sur l'évolution de notre belle société, un regard qui prend un angle de vue qu'on est pas obligé de partager, mais qui a le mérite d'exister.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Dans le registre noir et sombre à propos de l'évolution possible de nos sociétés dans un futur très proche, lire le roman de Tito Topin, Parfois je me Sens comme un Enfant sans Mère. Pas non plus très réjouissant.