Confidences sur l'Escalier

Pascale Fonteneau

Gallimard / Série Noire - 1992

Tags :  Polar social Trafic France Années 1990 Humoristique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 30 juin 2005

Deux personnages sont assis au pied d'une entrée d'immeuble, dans une banlieue indéterminée. Le premier, celui qui sait tout, voit tout, l'œil de la cité, raconte au second son histoire, celle des derniers mois passés, et indirectement celle d'une fille, Catherine, rencontrée la première fois par hasard pour une petite "affaire" vite réglée : fourguer une radiocassette. Puis le lendemain, ce fut pour un magnétoscope...
Dès lors, après avoir redirigé la fille vers le spécialiste local pour ce genre d'opération, celui qui raconte commence à s'attacher à cette nouvelle arrivante qui détonne dans le paysage masculin et décide d'en savoir un peu plus sur elle.
Il se rend vite compte que la donzelle a constitué une petite bande hétéroclite, très discrète, mais qu'elle n'en approvisionne pas moins pour autant le fourgue de la cité en objets divers et variés. Puis vient la combine qui tue !.. consistant à séduire une fille des beaux quartiers par un des membres de la bande, se faire inviter chez elle pour un après-midi câlin et profiter du moment où elle passe à la casserole pour dévaliser la baraque. Imparable !..
Alors, le narrateur, admiratif, envieux, voire même en passe de tomber amoureux, veut tout connaître, tout savoir de cette fille de dix-huit ans à peine. Il la piste, découvre qu'elle vit seule avec sa mère aux Paradis (c'est le nom de la cité). Il remonte même plus loin et finit par apprendre le pourquoi de l'absence du père : en prison pour avoir voulu abuser de sa propre fille... La mère, quant à elle, fait des ménages le matin et pratique vaguement l'après-midi la prostitution auprès des occupants des bureaux qu'elle brique dans la matinée ; les rapports mère/fille ne sont pas des plus épanouis...

Pascale Fonteneau nous propose un instantané de la vie de banlieue, ses petites combines, son ennui à revendre, son avenir inexistant, ses histoires sordides, rien de bien reluisant, rien qui fasse particulièrement envie en tout cas...
Un narrateur, aussi impersonnel que la banlieue qu'il habite, elle-même n'étant pas localisée, donne à cette histoire son côté universel. L'auteur nous invite dans le présent calamiteux des habitants des barres HLM dont l'horizon s'arrête à l'escalier de l'immeuble d'en face.
L'originalité tient à la mise en œuvre de cette description. Car il s'agit bien d'un conte, oh... pas des Mille et une Nuits - la princesse n'a pas d'or dans les cheveux ni de bonne fée pour veiller sur elle (quoique...) - mais c'est tout de même bien de ça qu'il s'agit. En d'autres temps, en d'autres lieux, on serait autour du feu à écouter l'histoire du conteur à la veillée, fasciné par son métier, par son talent à faire vivre ces personnages perdus :

— Hein qu'elle est bien, ma petite ? Une véritable héroïne de roman, pas moche, avenir prometteur et passé glauque. Tout pour plaire.

Avec une science du dialogue consommée, un humour noir omniprésent, sous-jacent, et dans une écriture directe qui va droit au but, sans tergiverser, Pascale Fonteneau nous offre ici un conte de philosophie urbaine en forme de roman noir qui résume à merveille la misère de la vie de banlieue sans jamais tomber dans le pathos :

Même si tu pars, tu emmèneras la cité avec toi. On est des récidivistes des grand ensembles. Incurables.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Ce premier roman, paru en 1992 dans la prestigieuse Série Noire (ce qui est assez exceptionnel pour être souligné) a été suivi de quelques autres que je n'ai malheureusement pas encore eu le loisir de découvrir. Je tenterai bien évidemment de réparer ma faute au plus vite. En attendant, et pour patienter, si vous appréciez l'humour noir quelque peu déjanté, je ne saurais trop vous conseiller un petit détour du côté de Philippe Carrese. Vous ne devriez pas être trop déçus...

Le début...

Les dix premières lignes...

— Je sais tellement de choses que si je mettais un survêtement blanc avec une ligne bleue, je serais un tome de l'Encyclopædia Universalis !
— Et pourquoi tu le fais pas, alors ?
— Parce qu'ici personne ne connaît l'Encyclopædia Universalis, ils croiraient juste que je me suis mis à faire du sport. Et ça, malgré tout le respect que j'ai pour les sportifs, je ne le supporterais pas.
— Tu as du respect pour les sportifs ?!
— Surtout pour les cycliste, faudra qu'on en parle un jour...
— Bon, alors, tu me racontes (...)...


La fin...

Quatrième de couverture...

— Assieds-toi.
— Là ? Sur les marches ?
— Ouais. D'ici, je peux surveiller les ascenseurs... On ne sait jamais...
— Du calme... Il ne se passe jamais rien dans notre cité.
— Tu rigoles ou quoi ? Tu veux que je te raconte une belle histoire moderne ? Une de ces sagas qui justement ne peuvent se dérouler qu'ici ? Entre F3 et F4 ? Entre bâtiment A et bâtiment C ?
— Ça va être sinistre...
— Tu te trompes... Tiens bon la rampe, tu ne vas pas être déçu... Et vive la Patrie !


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Pascale Fonteneau










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